Les Jaseuses est un collectif qui regroupe des personnes aux histoires différentes, mais tous-tes engagé-es dans une démarche de recherche collective, réflexive, bienveillante et féministe. Nous sommes attaché-es à une organisation égalitaire dans tous les aspects de notre fonctionnement interne. Cela s’exprime dans le refus de toute hiérarchie ou mise en compétition, dans une non-mixité choisie (femmes et minorités de genre), dans nos positionnements, dans la mise en avant de l’entraide, du partage d’expériences et de l’écriture à plusieurs.
Notre collectif repose sur des valeurs féministes, intersectionnelles et indisciplinées1 / indisciplinaires. Ce qui nous rassemble : la volonté de faire de la recherche sans limiter celle-ci à ses définitions académiques. Nous sommes chercheur-euses, journalistes, artistes plasticien-nes, auteur-ices, doctorant-es, docteur-es, masterant-es, illustrateur-ices, photographes, critiques d’art, critiques littéraires, performeur-euses, vidéastes, danseur-euses, professeur-es, bricoleur-euses, commissaires d’expositions. Nous travaillons à l’université, dans la communication, dans les métiers du livre, dans les médias, dans les écoles, dans les musées, dans les bibliothèques, dans les forêts, chez nous…
Conscient-es que les positionnements et rapports de pouvoir sont toujours à re-questionner, nous savons que nous vivons des réalités très différentes et pouvons nous-mêmes contribuer au maintien d’asymétries et d’inégalités. Attentif-ves à nos privilèges, nous savons que nous pouvons renvoyer une violence aux personnes qui subissent différentes formes de discriminations.
Conscient-es des diverses formes de réalités façonnées par les oppressions systémiques, nous défendons une pensée et une analyse intersectionnelles, nous nous efforçons de prendre toujours plus conscience de nos places respectives dans les rapports de domination.
Nous sommes une cinquantaine à avoir rejoint le collectif et à échanger, de temps en temps ou quotidiennement, ensemble. Nous sommes conscient-es aussi des difficultés simplement humaines et relationnelles inhérentes à un groupe si vaste, et nous tenons à ce que les Jaseuses puissent rester un lieu d’accueil pour toustes.
Pour mieux statuer sur nos valeurs et nos engagements, nous signons, en rejoignant le collectif, une charte qui nous engage les un-es vis-à-vis des autres, Jaseuses et potentiel-les Jaseuses, à créer et entretenir un véritable espace sororal, adelphique et inclusif.
La présente charte a pour but d’apporter un cadre d’accueil et de bonnes pratiques au sein des Jaseuses.
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Ainsi, les Jaseuses conviennent ensemble de souscrire à cette charte pour instituer que nous prenons les engagements suivants :
Discriminations
- Offrir un espace de parole solidaire, respectueux, inclusif et bienveillant ; partir du principe que tout réflexe, toute attitude et toute situation qui aura heurté quelqu’un-e peut être analysée, réfléchie et réparée par la personne, accompagnée par le collectif ;
- Nommer, signaler et agir ensemble contre toute forme de discrimination – classisme, ethnocentrisme, grossophobie, homophobie, putophobie, racisme, sexisme, transphobie, validisme (liste non exhaustive et sans hiérarchie) ; nommer les situations de violence et d’oppression que nous pouvons, même malgré nous, continuer à reproduire ;
- Fournir des ressources2, au sein des Jaseuses et publiquement, pour comprendre les mécanismes de diverses formes d’oppression ; les Jaseuses pourront proposer, en interne ou de manière publique, des formations.
Relations entre Jaseuses
- Nous nous engageons à ne pas reproduire un comportement toxique ni à harceler. Par harcèlement, nous entendons la définition juridique de ce terme : « Le harcèlement moral est une conduite abusive qui par des gestes, paroles, comportements, attitudes répétées ou systématiques vise à dégrader les conditions de travail [ou de vie] d’une personne. Ces pratiques causent des troubles psychiques ou physiques mettant en danger la santé de la victime. Le harcèlement moral est une technique de destruction de l’autre » ;
- Ne pas hésiter à mobiliser un processus de médiation (mis en place afin de protéger les membres du collectif), même pour une gêne jugée minime et a fortiori face à un problème constant ou un problème déjà en cours, à condition de le faire dans un esprit d’apaisement (si la gêne est minime). Mettre un message sur le canal #médiation sans donner de détails ou de noms. S’en suivra un moment de discussion et d’échange comprenant les personnes concernées et des médiateur-ices volontaires non directement concerné-es par l’objet de la médiation, en invitant à une diversité des points de vue et vécus au sein des médiateur-ices en fonction des besoins de la personne formulant la demande et des disponibilités de chacun-es ;
- Il peut être difficile d’identifier des situations toxiques, de formuler la toxicité et de parler de l’inconfort ou la détresse qu’elle provoque. Malgré ces difficultés, il est possible de signaler le problème afin de ne pas rester seul-e face à une telle situation. Faire usage du Slack ou de l’adresse mail le plus rapidement possible afin d’être accompagné-e ;
- Corollairement, dans le cadre d’un protocole de médiation, s’engager à répondre aux messages reçus lors d’un moment de disponibilité – matérielle, psychique – si besoin par le biais d’une tierce personne et dans la mesure du possible, via le canal privilégié de médiation, ou par mail ;
- Respecter le droit de chacun-e à s’auto-identifier, ne pas l’assigner malgré iel à une identité qu’iel ne reconnaît pas ou rejette ; privilégier le neutre pour parler des Jaseuses, qui ne s’identifient pas toustes comme des femmes cisgenres ;
- Diversifier dans la mesure de nos forces et de nos envies les activités proposées afin d’intégrer dans nos recherches et nos manifestations scientifiques et culturelles un vaste panorama de savoirs et de savoirs-faire, qui ne sont pas tous représentés au sein de la communauté académique ;
- Assurer une représentation toujours plus juste des diverses voix qui composent notre collectif ; garder à l’esprit la position à partir de laquelle on s’exprime ; refuser d’empiéter sur l’espace de parole des concerné-es ;
- Les Jaseuses s’engagent à ne pas divulguer les accès aux documents internes et plateformes d’échange aux non-membres, à ne pas supprimer ou mettre en péril le bon fonctionnement des outils numériques (Drive, etc.), à ne pas partager de liens vers des documents internes, à ne pas publier de captures d’écran ou d’informations privées diffusées en interne ;
- Faire de cette charte un cadre de référence clair pour maintenir des relations saines et sororales.
Care, droit au repos et à la déconnexion
- Ne pas choisir systématiquement les mêmes créneaux horaires pour éviter de pénaliser toujours les mêmes personnes (personnes avec des enfants à charge, personnes en précarité numérique, décalage horaire…) ; se référer au document qui recense les horaires à privilégier ; annoncer l’horaire de fin avec l’horaire de début des réunions ;
- Éviter autant que possible les réunions et moments de travail les jours chômés et fériés traditionnels des pays, cultures et religions de chacun-e ;
- Respecter le temps et l’espace vital des Jaseuses ; éviter les sollicitations les fins de semaine, les soirées, les jours de fête ; ne pas essayer de contacter une personne si elle a signalé n’être pas disponible ; utiliser les “statuts” sur Slack et les consulter ;
- Dans la communication sur le Slack, utiliser un trigger warning / avertissement de contenu entre crochets au début du message (précisant la nature), lorsque l’on estime que le thème abordé peut heurter.
Exemple : [violences sexuelles] *message*
Accessibilité
- S’assurer en amont, concernant les situations de communication interne comme dans les événements externes, qu’ils seront accessibles aux personnes en situation de handicap / handiaccessibles ;
- Mettre tous les moyens qui sont à la disposition des Jaseuses, financiers, techniques ou humains pour développer et améliorer l’accessibilité ; doubler les dispositifs écrits / audio lors des réunions ;
- Nommer des référent-es accessibilité pour l’organisation d’événements ; mentionner les questions d’accessibilité dans les documents destinés à la communication externe (“n’hésitez pas à nous faire part de demandes spécifiques…”) ;
- Prendre en compte les neuroatypies possibles des interlocuteur-ices ; être attentif-ves à ne pas se reposer sur des fonctionnements relationnels implicites, expliciter.
Quitter les Jaseuses
- La sortie du collectif peut être faite volontairement (lien à la fin de chaque e-mail du collectif, sur le carnet, et dans les newsletters) ;
- En cas de manquement grave à la charte (notamment en cas de diffusion d’informations privées, harcèlement), une médiation est lancée à l’initiative d’une ou plusieurs Jaseuses, et une prise de décision collective peut aboutir à une exclusion de la Jaseuse concernée dans un délai raisonnable ;
- Quitter le collectif signifie : ne plus avoir accès au Slack, ne plus avoir accès au Google Drive, ni Mail ; ne plus recevoir la communication interne ; ne plus avoir accès au carnet Hypothèses ; ne plus figurer sur la liste interne et publique des Jaseuses ; ne plus être administrateur-ice sur les réseaux sociaux.
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Cette charte a été rédigée collectivement et votée en assemblée générale le 7 février 2022 par une trentaine de membres présent-es. Les deux amendements ont été ajoutés le 12 avril 2023, à propos de l’organisation des cotisations (32 voix pour) et des manières de s’engager dans le collectif (31 voix pour, 1 abstention). Pour faire partie du collectif, y rester ou le rejoindre, chacun-e devra la signer.
- Marys Renné Hertiman, “Devenir Bandita, entre indisciplinarité, bricolage et mise en commun”, dans Les Jaseuses, publié le 01/04/2021, https://lesjaseuses.hypotheses.org/2584, consulté le 11/01/2022. [↩]
- Par exemple, “Le lexique évolutif des Jaseuses”, dans Les Jaseuses, publié le 15/03/2021, https://lesjaseuses.hypotheses.org/lexique-evolutif-des-jaseuses, consulté le 14/02/2022. [↩]